Jeûne et santé
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Maladie mentale :1970 URSS - la reconnaissance du jeûne

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Maladie mentale :1970 URSS - la reconnaissance du jeûne Empty Maladie mentale :1970 URSS - la reconnaissance du jeûne

Message  Luc Jeu 18 Sep 2014 - 21:39

Tiré du livre : "Le jeûne, une nouvelle thérapie" (2014) de Thierry de Lestrade

URSS, années 1970 : la reconnaissance du jeûne

Le 3 avril 1972, les lecteurs du quotidien Los Angeles Times ont la surprise de
découvrir un reportage pour le moins étonnant. Murray Seeger, le correspondant du
quotidien californien en Union soviétique, y décrit les recherches menées à l’Institut
psychiatrique de Moscou qui démontrent qu’on pourrait soigner des « désordres
mentaux » par la privation de nourriturea. On y apprend que le docteur Youri Nikolaev
a supervisé 7 000 cures, d’une durée moyenne de trente jours. Seeger recueille même le
témoignage du professeur Vladimir Leshkovtsev, un physicien connu, spécialiste de
l’énergie atomique, qui raconte comment il s’est guéri d’une polyarthrite rhumatoïde en
quarante-cinq jours de jeûne… Le lecteur américain pourrait penser à un canular deux
jours après le 1er avril. Pourtant Murray Seeger, chef du bureau de Moscou, spécialiste
de l’économie, est un professionnel expérimenté qui ne verse pas dans le
sensationnalisme ou l’apologie de charlatans.

Questions du jeûne thérapeutique, une somme unique

L’article, très factuel, est la première trace d’un regard « extérieur », occidental, sur
les travaux de Nikolaev. Dans ce monde fermé qu’est alors l’Union soviétique, où les
échanges avec l’Ouest sont exceptionnels et très réglementés, les traces de ce genre
sont rares et précieuses. Le style de Seeger est assez froid, on ne peut deviner ce que le
journaliste pense de ces expériences. Elles lui paraissent néanmoins assez crédibles
pour les relater sans même une pointe d’ironie (à l’exception peut-être du titre, mais on
peut penser que celui-ci a été choisi à Los Angeles). Cet article est un signe : en
permettant à Seeger de visiter l’Institut psychiatrique et de s’entretenir avec Nikolaev,
en offrant à l’« extérieur » cette image de leur système de santé, les autorités
soviétiques « officialisent » en quelque sorte la méthode de la cure par le jeûne. C’est
une victoire considérable pour Nikolaev – plus tard, deux autres Américains, un
psychiatre et un biologiste, pourront passer quelques mois en observation à l’Institut
psychiatrique ; ils publieront deux articles dans des revues spécialisées(b).

Cette reconnaissance vient peu après la publication d’un premier bilan scientifique,
ramassé dans un ouvrage collectif paru à Moscou en 1969, Questions du jeûne
thérapeutique. Dans ce vaste ouvrage collectif qui rassemble quinze ans d’expérience
clinique, chacune des quatre parties est supervisée par un spécialiste des différents
volets abordés : clinique (dirigé par Nikolaev), neurophysiologie, physiopathologie et
biochimie du jeûne y sont étudiées en détailc. L’ambition ? Mettre en évidence les
mécanismes du jeûne, trouver des explications aux processus thérapeutiques mis en
oeuvre. Rien de tel n’avait jamais encore été tenté, dans aucun pays. La somme des
données rassemblées par les chercheurs soviétiques, chacun dans son domaine, est
considérable.
Nikolaev s’est attaché à la partie la plus délicate de l’ensemble : explorer
l’application du jeûne dans les maladies mentales. Pas de travail en laboratoire, rien à
mesurer. Se confronter à l’« âme humaine », entrer dans ce territoire mouvant où rien
n’est sûr, où des échecs incompréhensibles succèdent à des rétablissements
spectaculaires. Mais Nikolaev se définit comme un scientifique. Au contraire de
Shelton et de toute une lignée de soignants issus des écoles américaines de naturopathie
et d’hygiénisme, sa formation médicale est des plus classiques. Il applique les
méthodes « rationnelles » de ses contradicteurs. C’est sa force, sa crédibilité face aux
opposants. Dans ce cas, le « rationnel » passe par l’accumulation des cas cliniques et
leur analyse, afin de répondre à une série de questions : cette thérapie est-elle
efficace ? Si oui, pour quelles formes de pathologies ? Comment fonctionne-t-elle ?

Mais l’émergence de nouveaux traitements complique la tâche de Nikolaev. Quand il
a commencé ses premières expériences cliniques, la découverte des premiers
neuroleptiques (notamment la chlorpromazine, commercialisée par les laboratoires
Rhône-Poulenc en 1952) annonçait une véritable révolution dans la psychiatrie : en
calmant les patients psychotiques, ces nouveaux médicaments rendaient le travail des
soignants moins pénible et plus intéressant, en permettant de nouer une relation avec un
malade apaisé – sauf quand des doses de cheval les rendaient complètement
apathiques. À la fin des années 1950, l’usage des neuroleptiques s’est répandu, même
en Union soviétique. Les séjours s’allègent, des patients peuvent rentrer chez eux.
Pourquoi donc faire jeûner les malades, les engager dans un processus long et
« douloureux » – selon les opposants – alors qu’une simple pilule est efficace ?

Mais ce n’est pas si simple. « Malgré les succès réels du traitement par
médicaments, remarque Nikolaev, le doute a commencé à s’insinuer chez les
médecins : l’effet est rapide, mais bref. On se rend compte que l’organisme s’habitue,
que sa réactivité baisse […] et les possibilités thérapeutiques des médicaments s’en
trouvent réduites. […] Or l’application de longue durée laisse des traces dans
l’organisme, responsables d’une série de complications et de maladies somatiques. Il
fallait donc continuer à penser autrementd. » Pour Nikolaev, l’action des neuroleptiques
va dans le sens de ce qu’il a toujours intuitivement pensé : la puissance du facteur
biologique dans la schizophrénie. Le but est donc de travailler sur le biologique, « en
mobilisant les forces protectrices et en augmentant la réactivité ». Il est persuadé que le
jeûne peut provoquer cette action, sans effets secondaires. La difficulté peut être une
chance. Car Nikolaev ne va sélectionner pour son étude que des patients chez lesquels
la prise de neuroleptiques et les autres traitements ont échoué.

L’article de Seeger parle de 7 000 cas, un chiffre impressionnant concernant
l’ensemble des patients ayant participé aux recherches nécessaires pour constituer les
quatre tomes de Questions sur le jeûne thérapeutique. Nikolaev lui-même, en 1970, a
traité environ 1 500 malades en hôpital psychiatrique. Ce qui représente plus d’une
centaine par an. On le sait, la « folie » recouvre de multiples formes. Pour lesquelles
son traitement est-il le plus efficace ? Le psychiatre se rend compte assez rapidement
que l’engagement du malade est primordial, tout comme la qualité du contact établi
avec lui. Il exclut donc les formes de délire trop intense, comme dans le cas d’un
syndrome paranoïaque aigu, qui devient une contre-indication.
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Message  Luc Jeu 18 Sep 2014 - 21:45


Le traitement des formes « hypocondriaques » de la schizophrénie

Nikolaev remarque que le jeûne est efficace dans les cas de ce qu’il appelle la
« forme hypocondriaque de la schizophrénie ». Par « hypocondriaque », on pense peutêtre
en souriant à Woody Allen qui, à la moindre douleur abdominale, va se faire
examiner avec la certitude d’être atteint d’une forme rare de cancer. Mais la maladie
peut revêtir des formes moins cocasses et plus sévères, elle peut amener la personne à
s’enfermer dans un délire et à se désocialiser. Cette forme « hypocondriaque » se
marie parfois avec le « syndrome de dysmorphophobie » (ou dysmorphobie). Sous ce
nom un peu barbare se cache une maladie beaucoup plus répandue qu’on ne le croit.
Elle se manifeste par une « crainte obsédante d’être laid ou malformé. […] Ces idées
fixes peuvent provoquer une grave dépression et conduire à des tentatives de suicide.
Les individus souffrant de ces obsessions ont la certitude inébranlable d’avoir le
visage, ou alors une partie de leur corps, monstrueuxe ». Sous une forme sévère, la
maladie peut s’accompagner d’hallucinations.

Selon Nikolaev, ces idées délirantes se calment après seulement dix à quinze jours
de jeûne. Les malades commencent alors à s’intéresser à leur environnement, à leurs
proches. Après le traitement complet (avec la réalimentation), la plupart des malades
sont en état de reprendre une vie active. Mais ils n’ont pas d’analyse critique de leur
maladie. Ils affirment simplement qu’ils évitaient la société avant le traitement à cause
de leur défaut physique, ce qui n’est plus le cas maintenant parce que celui-ci a
disparu. Voici un exemple, parmi les nombreuses histoires racontées par Nikolaev, qui
permettra de mieux comprendre la maladie.

Ivan est un enfant gai, ouvert, brillant à l’école. Sa curiosité le pousse à apprendre
sans cesse, il récite ses leçons avec brio. Mais, un jour, il n’apprend pas sa leçon. Le
professeur, surpris du silence de son élève si doué, le tance un peu. Ivan rougit très
fort, toute la classe se moque de lui. L’adolescent restera marqué par ce moment. Car,
s’il continue à apprendre et à bien figurer en classe, il craint chaque question et n’ose
plus lever la main. Par peur de ne plus savoir, de rougir et de se voir moqué. Ivan est
peu à peu obsédé par l’image de son nez qui, d’après lui, devient rouge à chaque
émotion. Alors que cette crainte augmente de plus en plus et envahit son quotidien, Ivan
se marginalise. Il prend des cours par correspondance après le bac, les arrête et
accepte un travail en usine… pour la bonne raison qu’il peut revêtir un masque de
protection. Mais ses supérieurs remarquent ce bon élément et lui offrent une promotion.
Il doit quitter la chaîne, ce qui implique qu’Ivan enlève son masque, ce qu’il ne veut
pas. Il quitte donc son travail à l’usine.

Persuadé qu’il doit se soigner, Ivan consulte des médecins. Il les supplie de lui
couper ce « nez rouge », cette boursouflure dégoûtante au milieu de son visagef. Mais
les médecins ne peuvent rien pour lui. Il se fait donc placer en hôpital psychiatrique, en
ressort au bout de cinq mois, encore plus déprimé. Il tente de se suicider, est sauvé
deux fois. Et échoue enfin dans le service de Nikolaev.

Au septième jour de jeûne, il considère que son « nez n’est pas un si vilain défaut
que ça ». Au vingt-deuxième jour, il est de bonne humeur, les obsessions sur la laideur
de son nez ont entièrement disparu. Au quatorzième jour de la réalimentation, il trouve
vraiment absurde d’avoir accordé tant de place à un problème qui n’en était pas un. Il
est totalement rétabli. Ivan reprend le travail. Trois ans plus tard, c’est un homme
marié, il commence des études de médecine.

Les résultats de Nikolaev pour cette forme de schizophrénie qu’est la
dysmorphophobie sont remarquables et méritent une attention particulière. Car, selon
une étude américaine de 2005, 13 % des patients en psychiatrie souffrent de cette
maladie, souvent sous-estiméeg. Nikolaev obtient une amélioration significative pour
70 % à 80 % des patients si la pathologie s’est déclarée dans les deux années
précédentes. Quand elle est plus ancienne, le pourcentage faiblit : 50 % à 60 %
d’amélioration au-delà de cinq ans de maladie. Les résultats étonnent, lorsqu’on sait
qu’aujourd’hui encore le traitement de ce genre d’affection est difficile et incertain.
Ces formes « hypocondriaques » se manifestent souvent à l’adolescence et laissent les
soignants assez démunis.

On associe généralement psychothérapie et médicaments, tels que les
antidépresseurs sérotoninergiques, souvent donnés à hautes doses. Médicaments qui
entraînent des effets secondaires. Dans le cas du traitement par le jeûne de Nikolaev, il
faut noter l’importance de l’ancienneté de l’affection : il vaut mieux agir le plus
rapidement possible, avant que la maladie ne s’installe et ne sédimente dans le corps
(le taux de succès grimpe à 90 % quand la pathologie s’est déclarée dans les douze
derniers mois). L’observation vaudra pour les problèmes somatiques.

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Message  Luc Jeu 18 Sep 2014 - 21:51


Des résultats impressionnants dans le traitement des maladies mentales


Qui n’a pas connu, au moins une fois dans sa vie, l’irruption de pensées
« tyranniques » ? L’apparition de doutes, de peurs, qui nous poussent à accomplir
quelque chose. Si on ne s’exécute pas, une catastrophe arrivera. On pourrait tous en
citer quelques exemples… Mais, quand ce type de pensées se répète, on passe la ligne
jaune, du côté pathologique, celui du trouble obsessionnel compulsif (TOC). C’est la
quatrième maladie mentale la plus fréquente, elle toucherait environ 2 % de la
populationh. Nikolaev appelle ce trouble le « syndrome des pensées intrusives (ou
importunes) ». La cure est également efficace dans ce cas.

Là aussi, prenons un exemple. Nikolaev raconte l’histoire de Vadim, un jeune homme
d’une vingtaine d’années qui travaille à l’usine, mène une vie sociale normale, va au
cinéma le week-end, rencontre des filles… Jusqu’au jour où une « idée intrusive » lui
commande de se laver les mains. « J’avais peur de contracter une maladie
vénérienne », raconte le patient. Puis la fréquence du nettoyage des mains augmente
jusqu’à atteindre le rythme de quinze à vingt fois par jour. Débute alors le parcours
habituel : visite chez le médecin qui lui prescrit un neuroleptique classique (de
l’aminazine) et, suite à l’échec du traitement, l’envoie à l’hôpital psychiatrique. Vadim
y reçoit trente séances de chocs insuliniques, qui ne font qu’aggraver son état. « Alors
que j’étais dans une faiblesse physique totale, que mes mains tremblaient, est apparue
la peur du chiffre 1, parce que c’était dans l’aile nº 1 de l’hôpital que l’on mettait les
cas les plus graves. Plus tard, j’ai commencé à avoir peur des chiffres 5 et 9. » À la
maison, il ne touche plus rien de ses mains par crainte de la contamination. Sa mère le
nourrit à la cuillère. Son état empire encore… Jusqu’à ce qu’on l’envoie chez
Nikolaev.

Au septième jour de jeûne, les obsessions de Vadim se renforcent, il ne lâche plus le
savon des mains. Son état s’aggrave jusqu’au vingtième jour : il ne repère partout que
microbes virulents, menaces d’infection. Puis finalement, au deuxième jour de la
réalimentation, Vadim ne s’oblige pas à prendre une douche. Il ne se sent pas sale. Au
quatrième jour, il interpelle Nikolaev dans le couloir et se déclare guéri. Nikolaev
passe sa main sur le sol, puis l’approche du visage de Vadim : « Je savais que ce
n’était pas très hygiénique, raconte-t-il, mais je voulais tester mon malade. » Celui-ci
ne bronche pas. Test réussi : le changement est spectaculaire.

Vadim retourne dans sa famille, reprend un travail. Mais rechute un an plus tard.
« Vadim était malade depuis de nombreuses années quand nous l’avons traité, écrit
Nikolaev. Il n’a pas suivi le strict régime alimentaire prescrit, ce n’est pas étonnant
qu’il nous revienne. » Vadim refait une cure, avec le même succès. Mais il sait qu’il
doit suivre les recommandations strictes : pas d’excitants (alcool, tabac), le moins de
viande possible, beaucoup de légumes, observer régulièrement quelques jeûnes courts.

Les rétablissements, aussi « miraculeux » paraissent-ils, sont toujours fragiles. Si le
résultat varie en fonction du degré d’observance d’un mode de vie plus calme après la
cure, les chercheurs ont pu observer également des variations selon les formes de
psychoses. Le pourcentage de réussite est moins important par exemple pour les
psychoses paranoïdes (délire de persécution) : 60 % des patients ont vu leur état
s’améliorer si la maladie est récente (moins de deux ans) ; et le pourcentage chute
à 40 % pour une maladie de plus de cinq ans.

Toutes les formes de maladies mentales sont explorées et traitées, de la
schizophrénie catatonique à la psychose maniaco-dépressive, en passant par
l’épilepsie, les formes chroniques de la schizophrénie, les encéphalites, les
dépressions post-traumatiques, les désordres endocriniens… Les recherches sont
effectuées non seulement à Moscou, mais également dans d’autres hôpitaux de l’Union
soviétique. Plus d’une vingtaine de psychiatres et de biologistes sont engagés dans ces
études. Travail impressionnant. Une des conclusions des chercheurs paraît assez
étonnante au premier abord : pour eux, le résultat favorable est moins lié au type de
maladie qu’à la capacité d’établir un lien avec le malade, à l’engagement de celui-ci,
enfin au degré de progression de la pathologie. C’est le lien et l’engagement qui
comptent le plus.

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