On achève bien les vieux ! (NÉOsanté)
Page 1 sur 1
On achève bien les vieux ! (NÉOsanté)
On achève bien les vieux !
Curieux : suite à mon billet de la semaine dernière sur les méfaits de l’aspirine, j’ai reçu plusieurs réactions courroucées et incrédules, genre « si c’était vrai, ça se saurait ». Je citais pourtant de solides références, mais certains lecteurs ont apparemment pensé que je les avais fabriquées. Il est difficile de croire qu’une vérité aussi énorme – un médoc banal agit parfois comme un poison mortel – ait pu être cachée si longtemps par les médias de masse. C’est cependant un fait : la puissance du conformisme et le phénomène d’autocensure poussent fréquemment la presse conventionnelle à rejeter ou à minimiser des révélations dérangeantes. Savez-vous, par exemple, que de nombreux médicaments d’usage courant chez les personnes âgées peuvent augmenter de 50% leur risque de développer une forme de démence sénile, comme la maladie d’Alzheimer ? Voilà encore une information de première importance qui a failli passer inaperçue, tant sa couverture médiatique a été mince.
L’étude scientifique (1) qui dévoile ce nouveau scandale sanitaire a été publiée le 26 janvier dernier sur le site de la prestigieuse revue JAMA Internal Medicine . Réalisée à l’Université de Washington à Seatle et financée par l’institut national américain de la santé (NIH), elle indique que l’accumulation de substances anticholinergiques, présentes dans de nombreux médicaments, peut altérer la communication entre les neurones et perturber la mémoire. La recherche a été conduite sur 3.434 sujets âgés de plus de 65 ans qui ont été suivis pendant 7 ans en moyenne et qui étaient exempts de toute démence au début de ce suivi. Leur exposition cumulative à des anticholinergiques a été évaluée grâce à l’analyse de leurs dossiers pharmaceutiques, lesquels sont informatisés aux États-Unis. Les résultats sont d’abord effarants en ce qui concerne l’ampleur de la dégradation cérébrale des personnes âgées : en effet, durant le suivi moyen de 7 ans, pas moins 23,2% des séniors ont développé une démence, dont 79,9% de type maladie d’ Alzheimer. Un Américain retraité sur quatre vieillit donc très mal et finit par perdre la tête ! Mais le plus gros pot-aux-roses découvert, c’est celui-ci : chez les sujets soumis aux plus fortes doses d’anticholinergiques pendant une dizaine d’années, le risque de démence était accru de 54%, et celui de maladie d’Alzheimer de 63 % ! Ce lien statistique très significatif témoigne indubitablement que la consommation de produits pharmaceutiques contenant la substance incriminée est dommageable pour le cerveau. La recherche suggère aussi que les dégâts peuvent être irréversibles, même après avoir arrêté de prendre ces médicaments pendant plusieurs années.
Or, de très nombreux patients (entre 8 et 37 % des personnes âgées, selon les enquêtes) sont traités par des médicaments aux effets anticholinergiques. Il peut s’agir de molécules spécifiquement créées pour exercer une action inhibitrice sur l’acétylcholine (comme par exemple, dans la maladie de Parkinson, pour traiter l’incontinence urinaire ou les spasmes intestinaux), mais également de « remèdes » non spécialement prévus pour ça, mais qui ont cet effet secondaire collatéral. Parmi les médicaments concernés, on trouve des antidépresseurs, des somnifères et des anxiolytiques, mais aussi de simples antihistaminiques. Vous voulez une liste ? J’en ai trouvé une sur un site canadien (4), qui comprend 82 médicaments, dont les appellations commerciales peuvent bien sûr varier selon les pays. « Les patients âgés devraient savoir qu’un grand nombre de médicaments, dont certains sont vendus sans ordonnance, ont de puissants effets anticholinergiques », a souligné le Dr Shelly Gray, coordonnatrice de l’étude. « Et les médecins traitants devraient régulièrement vérifier les médicaments pris par leurs patients, y compris ceux vendus sans ordonnance, pour voir comment les remplacer. »
À l’intention des lecteurs sceptiques quant à l’action délétère de l’aspirine, je souligne qu’il s’agit, ici encore, de médicaments pas toujours soumis à prescription ( 2). Ou qui, même s’ils le sont, se bousculent dans les mallettes de généralistes et les piluliers distribués en maisons de retraite. On achève bien les vieux ? Moi, ce qui m’a surpris, c’est que le problème n’est pas neuf. Dans un article du Journal International de Médecine (JIM), je lis par exemple que « si l’on sait de longue date que les anticholinergiques peuvent avoir dans l’immédiat des effets négatifs lors de leur prise sur les capacités cognitives, en particulier chez les sujets âgés, quelques études observationnelles ont laissé penser qu’ils pouvaient accroître à long terme le risque de démence ». Autrement dit, on sait depuis belle lurette que les étagères des pharmacies sont pleines de médocs toxiques pour la santé mentale des séniors. Le principe de précaution n’a pas été appliqué et il est à craindre que cette nouvelle étude ne suffise pas encore à le mettre en œuvre. Oui, on achève bien les vieux ! Si vous connaissez des personnes âgées multidroguées par leur médecin, ayez donc le réflexe fraternel de les mettre au parfum, par exemple en partageant cette infolettre.
Portez-vous bien et à la semaine prochaine.
Yves Rasir
(1) GrayS et coll. : Cumulative use of strong anticholinergics and incident dementia. A propective cohort study. JAMA Internal Medicine, publication avancée en ligne le 26 janvier 2015.
(2) C’est d’ailleurs un élément qui fait dire aux auteurs de l’étude qu’ils ont peut-être sousestimé la taille de l’iceberg: tous les médicaments en vente libre n’étaient pas comptabilisés dans les listings informatiques utilisés !
(4) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Sujets similaires
» Bienfaits du jeûne (NéoSanté) par fabie66
» Un article sur le jeûne dans Néosanté
» Satanée aspirine : NéoSanté février 2015
» MÉDECINE & ESPÉRANCE DE VIE ; ça n'a rien à voir ! (NéoSanté) Yves Rasir
» Âge : Peut-on être trop jeune ou trop vieux pour jeûner?
» Un article sur le jeûne dans Néosanté
» Satanée aspirine : NéoSanté février 2015
» MÉDECINE & ESPÉRANCE DE VIE ; ça n'a rien à voir ! (NéoSanté) Yves Rasir
» Âge : Peut-on être trop jeune ou trop vieux pour jeûner?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum